Jean-Claude Snyders

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« Voyage de l'enfance »
Jean-Claude Snyders

2003

« Aller au fond de son passé, vers la source de son être, source plus introuvable que celle du fleuve le plus mystérieux; mais il faut tenter de la trouver pourtant.

Tenter de retrouver les sentiments interdits, impossibles à regarder, que l’on a éprouvés autrefois: pendant longtemps ils ont été si lointains que même si, par hasard, on les avait rencontrés, on n’aurait pu les reconnaître.

Peut-être que l’on n’a entrepris ce voyage que pour comprendre ses enfants davantage, pour s’efforcer de mieux les aimer… »

Jean-Claude Snyders, « Voyage de l’enfance », extrait

Lorsqu’un enfant de déporté me demande quelque chose, je ne peux pas refuser. Je n’ai pas pu, cher Jean-Claude, te refuser cette postface. Pourquoi? Parce que je te chéris. Je chéris tous les enfants de déportés. Ce sont nos enfants.

Je n’ai pas connu ton père, Georges Snyders, au moment où le camp a été libéré, le 27 janvier 1945. Il y était resté parmi les malades et ceux qui pouvaient à peine se déplacer. Moi, j’étais partie depuis le 18 janvier, lorsque les SS ont évacué tout ce complexe concentrationnaire pour ne laisser aucune trace de leurs crimes. Je n’ai été libérée que trois mois plus tard, sur les bords de l’Elbe. Mais, comme ton père, ce fut par l’Armée soviétique; je ne peux l’oublier.

Quand nous sommes revenus, nous autres déportés, nous désirions refaire le monde, un monde meilleur, où les peuples seraient solidaires. Et nous avons fait des enfants…

Postface d’Eva Tichauer, rescapée de la rafle du Vel d’Hiv, auteur de « J’étais le numéro 20832 à Auschwitz », pour « Voyage de l’enfance »