Jean-Claude Snyders

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« Drames enfouis »
Jean-Claude Snyders

1996

« Le 27 janvier 1945, vers cinq heures de l’après-midi, au camp de concentration d’Auschwitz, un jeune homme sortait d’un baraquement. Il ne pesait plus que trente-cinq kilos, et pouvait à peine se tenir debout. 

Face à lui, un soldat soviétique était là, le premier à avoir pénétré dans le camp… »
 

Jean-Claude Snyders, « Drames enfouis », extrait

Jean-Claude Snyders n’a pas été battu, mais plutôt protégé et entouré de soins; mais le destin très lourd de son père planait comme une grande ombre au-dessus de l’enfance du fils, et a imprimé sur leur relation un non-dit douloureux, malgré un grand amour réciproque. En effet, le passé dramatique et effrayant du père était un tabou, que le fils n’osait pas aborder. Et tragiquement, le père ne savait pas que son enfant avait entrepris de se renseigner sur ce passé, dont il souhaitait le protéger…

Ce livre est une grande chance pour nous libérer enfin du pouvoir de la « pédagogie noire » que l’on inculquait tant jadis.

Extrait de la préface d’Alice Miller pour « Drames enfouis »

Je ne peux pas faire cette postface que ton affection me demande; tu es trop proche de moi pour que je puisse te prendre pour correspondant.

Simplement je vais laisser ma plume errer autour d’Auschwitz.

Je ne vous en ai pas parlé, à tes deux sœurs et à toi, parce que j’ai désespérément tenté de voiler à vos yeux la cruauté du monde. Je rêvais que vous soyez heureux, dans un monde réconcilié. 

Pouvais-je en même temps vous confronter à l’horreur, introduire l’horreur comme un des personnages de votre vie?

Et puis, ce n’est pas commode d’en parler: dire que je me suis humilié en chantant pour eux des chansons gaies que j’improvisais afin d’avoir un peu de pain; dire ma crise presque de folie le jour où n’est pas venu celui qui m’avait promis le passage dans un meilleur « kommando », et c’était une question de survie, il faisait moins trente-cinq et je pesais trente-cinq kilos – tout cela, comment le dire?..

Extrait de la postface de Georges Snyders, père de l’auteur, pour «Drames enfoui»